La mission Archéologique Française en Mongolie (2014-2021) est une mission du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Elle est soutenue par le CNRS, le Muséum national d’histoire naturelle (Paris), en collaboration avec l’institut d’Histoire et d’Archéologie de l’Académie des Sciences d’Oulan Bator.

Elle mène actuellement des fouilles dans l’Altaï, précisément sur le site de Ikh Khatuu et Burgast au nord de l’Aimag de Bayan-Ulgii (sum de Nogoonnuur), de saghil (aimag de Uvs).

L’équipe est composée d’une vingtaine de personnes : S. Lepetz (responsable de la misison, DR CNRS), V. Bernard (CR CNRS, archéologue, dendroarchéologue), A. Zazzo (DR CNRS, géochimiste), C. Marchina (INALCO, ethnologue), Joël Suire (IR CNRS, topographe), D. Joly (Dir. du Service archéologique de Chartres), Mathilde Cervel (Anthropologue), Isaline Saunier (Doctorante, spécialiste des textiles), T. Turbat (chef de département, Institut d’Archéologie), B. Noost (Archéologue, Institut d’Archéologie), de fouilleurs/étudiants (dont plusieurs sont des étudiants en archéologie), et sur le terrain, de cuisiniers, de chauffeurs du véhicule. La fouille proprement dite s’accompagne d’une mission d’enquête anthropologique menée par C. Marchina et d’un travail de pose de colliers GPS sur des animaux vivants de plusieurs éleveurs et d’un travail de prélèvements (poils, sol, eau) en vue d’analyses géochimiques.
Le projet est actuellement plutôt centré sur les périodes allant du Ier siècle au Xe siècle de notre ère mais aborde aussi dans les faits les périodes de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer.  Ses deux terrains actuels sont l’Altaï (mission MEAE) et l’Arkangaï (Tsatsiin Ereg, en collaboration avec la mission monaco-mongole – fouille de Kerigsurs).
La Mongolie, et plus spécifiquement l’Altaï, est traditionnellement considérée comme étant le berceau des peuples turcs. De nombreux vestiges datant des VIe-Xe siècle témoignent de la diversité et de la vivacité de leur pratique culturelle ; statues anthropomorphes, « mémoriaux », représentations zoomorphes, inscriptions runiques, vestiges architecturaux, pétroglyphes. Ces vestiges sont assez bien connus et bien étudiés, surtout dans l’Altaï russe ou Kazakhstanais. De même, les tombes, qui constituent un autre type de témoignage de l’occupation de ce sol, sont assez nombreuses. Ces sépultures se caractérisent par une inhumation conjointe d’un humain et d’un ou de deux chevaux. Mais il faut reconnaître que si de nombreuses tombes ont été fouillées au Kazahkstan, en Touva, dans le bassin de Minoussinsk, si plus de 200 tombes ont été étudiées dans la seule Altaï russe, il existe une zone blanche en territoire mongol, qui a pourtant été le centre de la Khaganate Türk. Moins d’une trentaine de tombes ont été fouillées, et un certain nombre d’entre elles l’ont été anciennement, ne permettant finalement un accès qu’à très peu d’informations archéologiques fiables et pertinentes. Notre projet propose donc de combler ces lacunes.
Les fouilles ont permis un certain nombre d’avancées notables. Sur le plan scientifique, notre travail permet de proposer une vision renouvelée de la fouille des tombes de la première moitié du premier millénaire de notre ère et des pratiques funéraires.
Sur le plan des méthodes, il permet l’enregistrement d’informations trop peu prises en compte concernant l’assemblage des structures en bois, la position des corps humains et animaux, les effets des bioturbations, la présence de restes d’insectes, les ré-interventions post-enfouissement. En outre, les fouilles donnent la possibilité de remettre largement en cause les attributions culturelles effectuées lors des prospections terrestres basées uniquement sur la forme des structures et leur position topographique. Beaucoup des structures considérées comme appartenant à l’époque des Türk anciens, ne le sont pas. Et, ce qui n’est pas moins intéressant, beaucoup de ces structures ne sont même pas des tombes humaines. Présentes sous la forme de tumulus, parfois recouvrant une fosse, elles livrent des restes d’animaux, souvent du cheval, dont l’analyse de la dispersion des os, révèle un processus de décomposition difficilement compatible avec un enfouissement simple d’un cadavre complet.